Plaidoyer pour le vin rosé

Plaidoyer pour le vin rosé

Synonyme de convivialité, le rosé séduit de plus en plus de consommateurs. Mais il n’en demeure pas moins qu’il pâtit parfois de nombreux clichés et préjugés. Alors, pour démêler le vrai du faux, revenons sur certaines de ces affirmations, lancées au gré des apéros et repas estivaux…

"Le vin rosé est issu d’un mélange de vin blanc et de vin rouge"

Faux. En France, cette méthode est interdite pour les vins d’appellation, sauf pour le Champagne rosé qui résulte de l’assemblage d’une faible quantité de vin rouge et du reste de vin blanc de Champagne avant d'être "champanisé". Le vin rosé est issu de deux techniques de vinification, variant selon les régions : le pressurage direct et la saignée. Pour la première, les raisins noirs sont pressés directement et le jus est tout de suite vinifié comme un blanc, c’est-à-dire fermenté à basse température. La robe est claire, de couleur saumon. Pour la seconde, les raisins noirs sont vinifiés comme pour un rouge, avec donc une macération en cuve. Mais cette étape est plus courte que pour un rouge, donnant malgré tout une couleur plus intense au rosé. Après la macération, on tire une certaine quantité de jus qui sera fermentée dans une autre cuve pour un résultat sensiblement plus vineux et plus coloré. Le reste est vinifié en rouge.

"Le vin rosé donne mal à la tête"

Faux. Le vin rosé ne donne pas mal à la tête, si tant est qu’il est consommé avec modération. Mais en cas de consommation excessive, le SO2 ou sulfite, un antioxydant ajouté au vin pour le stabiliser et améliorer sa conservation, peut provoquer des maux de tête et des migraines. La loi fixe les teneurs maximales en sulfites, différentes selon la nature du vin. Sachez que le seuil est identique pour les vins rosés et blancs secs : 210 mg/l soit 42 mg par verre. Généralement, un très bon vin a besoin de peu de sulfites, provoquant moins d'effets indésirables. A éviter donc, les vins rosés semi industriels au nez chimique et au goût artificiel de bonbon anglais, acquis dans les linéaires.

"Le vin rosé doit être bu jeune"

Vrai... mais pas toujours. La plupart des vins rosés doivent être bus dans les douze mois qui suivent leur année de millésime. C’est dans cette période que le vin révèle le mieux toutes ses caractéristiques, voulues par le vinificateur. A l’inverse de la plupart des vins rouges et à certains vins blancs, le vin rosé n’est généralement pas un vin de garde. Or, une nouvelle tendance se dessine avec l’élaboration de cuvées vouées à être dégustées après quelques années. Des rosés comme ceux de Bandol, issus à plus de 50% de mourvèdre, sont par exemple tout à fait aptes à supporter les années.

"Le vin rosé est un vin facile à élaborer"

Faux. Son élaboration demeure délicate et requiert un savoir-faire important de la part du vigneron. Si le vin rosé doit faire l’objet de la même attention et de la même rigueur que les autres couleurs lors de la phase de fermentation et d’élevage, pour le rosé, la phase préfermentaire est prépondérante. Dans les quelques heures qui précèdent le départ en fermentation, le vigneron doit être réactif et prendre de nombreuses décisions concernant la macération, le pressurage, le débourbage (clarification du moût avant la fermentation, afin d’éliminer les particules végétales en suspension susceptibles d’apporter du mauvais goût au vin)...

Le rosé, vin de savoir-faire et de terroir, jouit d'un engouement qui ne cesse de croître. Aujourd'hui, 1 bouteille de vin sur 3 consommée en France est une bouteille de vin rosé ! La France est le premier pays consommateur de vin rosé, avec 8,7 millions d’hectolitres, soit 34% de la consommation mondiale - Source Observatoire Mondial du Rosé (CIVP - Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence / France AgriMer).

Le rosé n’est pas seulement un vin d’été que l’on boit à l’apéro ou autour d'un barbecue. Véritable vin de gastronomie, il se déguste tout au long de l’année avec de nombreux mets, pour le plus grand plaisir de nos papilles !

par Nathalie D. vendredi 27 mai 2022, 11:05
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